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Festival de Cannes 2025 : de la nudité des corps à la nudité de l’être

  • il y a 5 jours
  • 3 min de lecture

Dernière mise à jour : il y a 2 jours

Un festival sous contrôle vestimentaire

Le festival de Cannes 2025 a ouvert ses portes mardi 13 mai en affichant une petite nouveauté par rapport aux années précédentes. Cette année, la charte du festivalier a été modifiée interdisant la nudité et les tenues qualifiées d’encombrantes (traînes longues notamment).

Bella Hadid Cannes 2024
La mannequin Bella Hadid sur le tapis rouge de Cannes, le 21 mai 2024. (LUCA CARLINO / NURPHOTO / AFP)

Certains crieront au retour de la pudibonderie, voire d’un certain puritanisme. D’autres pourront se satisfaire de ce rappel à la bienséance sociale. Quand d’autres encore trouveront à ce cadre un caractère coercitif à la créativité et à la libre expression de soi. Car de créativité il s’agit bien aussi. Une créativité qui met en oeuvre la beauté des corps autant que des vêtements, dans un débordement peut-être superflu et ostentatoire, mais qui reste une expression artistique dans son essence pouvant porter à un certain émerveillement esthétique toujours bienvenu.


Ego, apparence et désir d’exister

Ceci dit, on peut également se demander ce qui conduit aussi souvent des femmes à ne considérer leur existence qu’à travers le prisme de cette nudité affichée, de cette mise en scène d’elles-mêmes, aussi subjectivement réussie puisse-t-elle être. Le recadrage du festival semble marquer un frein à un dérapage incontrôlé vers toujours plus de longueur de traine ou de nudité. Au fond, n’est-ce pas là l’expression systématique de l’être humain engoncé dans son moi biologique et préfabriqué, qui ne cherche par essence qu’à se différencier toujours et encore plus de son voisin ou de sa voisine, pour avoir le sentiment d’exister, d’être quelqu’un·e ? N’est-ce pas le mouvement général dans lequel se perd notre humanité depuis la nuit des temps et dont les moyens actuels lui permettent de s’y consacrer corps et âme au prix d’une nature exsangue et de ressources moribondes ? « Je » est un « moi », c’est-à-dire une entité différenciée des autres, dont l’existence dépend de sa propension à s’identifier à des caractères purement biologiques prédéfinis (territoire, ressources, …) et qui prennent chez l’humain des proportions débridées au fil de l’évolution technologique toujours plus accélérée (plus grosses voitures, plus grosses maisons, plus grands jardins, derniers technobjets, …). Ne voyons-nous pas cela ?


Engagé dans la défense écologique pendant plus de 20 ans, mon travail d’ingénierie m’a cruellement mis en face de cette évidence maintes fois manifestée. Le changement et l’avenir dépendent d’une évolution de conscience. Le fait que nombres de gens riches, talentueux, intelligents se comportent de façon encore plus manifestement inconsciente que les autres en la matière devrait nous alerter. La pertinence intellectuelle, la maturité émotionnelle, le contrôle pulsionnel, la responsabilité sociale et politique, la richesse matérielle, s’ils sont des facteurs de civilisation notoire, ne semblent guère des critères valables pour l’avenir de la vie elle-même. Quelque chose d’autre est à l’oeuvre, que l’on pourrait qualifier de niveau de conscience. Et en l’espèce, la plupart de nos concitoyens sont des enfants, voire des bébés, quel que soit leur niveau de vie ou de réussite. « Je veux », « je prends », … en bref « je » m’efforce à tout crin d’être quelqu’un, là où l’avenir est de n’être personne. « Personne  ? », mais quel intérêt ?

Devenir une Personne : vers une conscience nouvelle

Ce personne ne signifie pas rien ! Mais « seulement » être une vraie personne, une Personne avec un grand « P », c’est-à-dire libéré de son être biologique et conditionné, préprogrammé, qui court comme un drogué derrière sa dose de bonheur, au prix du malheur des autres ou du vivant en général dans une indifférence généralisée. Cette Personne là existe au coeur de nous-même, et se révèle lorsque tout ce moi et son fatras fait silence. Dans cette profondeur abyssale, notre vraie identité se dit comme un au-delà de nous-même, dans un silence sacré, parfaitement serein et lumineux. De cette plongée bouleversante, émerveillante, emerge la Personne dont l’acte ne peut plus être que de Vivre dans une communion au Vivant manifesté dans ses myriades de formes. Toutes les traditions et religions du monde comportent cette dimension essentielle, et en proviennent probablement à travers l’expérience unique au départ d’une vraie Personne re-née à elle-même. Ces héritages vitaux pour l’avenir du monde, lorsqu’ils sont bien compris, n’indiquent pas une forme extérieure de morale, de comportements  ou de rites, mais À PARTIR D’OÙ tout cela, toute la vie, peut être vécue.


Ce qui faisait dire à Maurice Zundel, prêtre mystique chrétien du 20e siècle, comme à bien d’autres Personne à travers l’histoire de l’humanité « Je ne crois pas en Dieu, je le vis ». Une différence substantielle parfaitement compréhensible par celles et ceux qui en ont fait l’expérience directe. Car en la matière les mots sont impropres, seule l’expérience compte. « Que ceux qui ont des oreilles pour entendre entendent ! », mais qui écoute ?

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